Un train sous le microscope

par **jean.zero** Dim 25 Aoû - 17:23

Bonsoir, mes cheres amis,

Je voudrais faire vous partager d'un expériance de la semaine derniere, ou j'ai eu pour mission d'apprendre à quelques étudiants à utiliser un microscope. C'est une occasion très amusante que je fais avec plaisir, car les étudiants débordent d'idées sur ce qu'ils veulent observer et photographier à travers un tel appareil à un grossissement énorme: la racine d'un poil de barbe arraché, la patte d'une mouche morte, le trou dans une dent arrachée. Nous avions déjà tout cela.

Ce que nous n'avions pas encore: un train (même si c'est à l'écartement zéro)! Oui, un véritable train-jouet, produisit vers 1930, et surtout ses wagons imprimés en couleur. Qu'en attendions-nous? Les trains (même en 0) sont normalement si grands qu'on n'a pas besoin de microscope. On les reconnaît à l'oeil nu.

Je dois expliquer qu'il s'agit d'un microscope particulier qui sert à examiner la gravure des plaques d'impression avant de les utiliser pour imprimer, par exemple, des billets de banque. On peut résolver la structure tridimensionelle d'une surface. Il s'agit pas d'un microscope tout petit. Si on le souhaitait, nous pourrions effectivement examiner une vraie grosse locomotive, micromètre par micromètre.

Mais nous commençons petit. Nous nous limitons aux endroits intéressants, des petites éraflures et des trous dans la lithographie de la boitier en tôle, qui apparaissent inévitablement en jouant. On peut voir à travers les différentes couches de pigments de couleur jusqu'à la tôle nue et les mesurer. On apprend ainsi beaucoup sur les procédés de production utilisés à l'époque, vers 1930, et sur les astuces que les imprimeurs utilisaient alors (et aujourd'hui) pour tromper notre oeil.

Il y a beaucoup à découvrir sur ce wagon de Meccano Hornby des années 1950. Evidement, la lithographie de la caisse du wagon présente les couleurs vert, jaune, noir et blanc. Peut-on savoir dans quel ordre elles ont été imprimées et quelle est l'épaisseur des différentes couches? Pas de problème. Pour cela, regardons cette rayure d'environ 4 mm de long:

Une épaisse couche de blanc a d'abord été imprimée sur la tôle nue. Il est aussi possible que la première couche ait été réalisée par trempage ou par vernissage. La lithographie n'a pas de sens si la surface doit être entièrement colorée. Par-dessus, on a imprimé par lithographie d'abord du jaune, puis du vert. Le noir est venu en dernier. Il n'apparaît que dans les inscriptions et les lignes fines. En impression couleur, on commence par les couleurs claires. Les couleurs foncées viennent toujours en dernier.
Il est évident: sur les trains-jouets de Hornby les éléments lithographiques en couleur etaient alignés les uns par rapport aux autres avec une précision extraordinaire.

Une autre surprise est la tôle noire qui n'est pas recouverte d'étain galvanisé, mais qui a été phosphatée avant d'être imprimée, c'est-à-dire on l'a trempée dans un bain chaud d'acide phosphorique pour la protéger de la corrosion et lui donner une couche de fond. Il devient alors gris et mate. Les encres d'imprimerie y adhèrent d'ailleurs très bien.

Voici maintenant le profil de hauteur des couches de peinture.

Le sol (la surface de tôle) est en bleu, les parties les plus hautes sont rouges. La couche d'encre blanche a une épaisseur d'environ 20 micromètres, alors que le jaune n'a qu'un ou deux micromètres et le vert peut-être 4 ou 5 micromètres. Cela indique également que la couche blanche est vernie. En lithographie, les couches de couleur sont rarement plus épaisses que 1 à 5 micromètres.

Voici encore une photo détaillée (environ 2 x 4 mm) de l'inscription noire.

Bien sur, nous avons examiner d'autres objets. Par example, la locomotive BB8051 de Hornby, en vert, qui était offri avec le wagon à bagage vert comme coffret de train, possède une boitier qui est étamée sous la couche lithographique.

A la fin de la journée, nous étions pleinement convaincus qu'un tel microscope pourrait être un outil extrêmement utile et instructif pour les collectionneurs exigeants. Le coût d'achat n'est pas du tout astronomique, pour autant que l'amortissement soit réparti sur les 100 prochaines années. C'est en effet quelque chose de tout à fait normal pour le collectionneur. Après tout, les générations futures des amis des trains-jouets doivent aussi pouvoir en profiter.

Cordialement

Jean Martin